« Les Vieux »
par Emile Pecqueur
Je voudrais m’adresser à ceux
qui ne veulent pas être des « vieux ».
Alors, amis que cela choque,
Comment désigner notre époque ?
Il faut bien une appellation
Pour ceux de ma génération.
D’autres ont cherché avant nous,
Des mots plus « jeunes » des mots plus doux,
Quelqu’un me souffle « les Anciens »,
Les Anciens, vous trouvez ça bien ?
Ca sent le renfermé
La poussière, les antiquités.
Têtes blanches, ont trouvé certains
Têtes blanches, ça se voit de loin !
Et voyez donc nos coquettes
Teintes en blondes ou en brunettes
Sûrement cette appellation
Ne leur donne pas satisfaction.
On a trouvé « jeunes d’autrefois »
Il est bien évident ma foi
Que si nous étions jeunes naguère
Autrefois et avant la guerre,
Nous ne pouvons pas, cela saute aux yeux
N’être aujourd’hui que des vieux.
Moi, ce qui me met en rage
C’est le terme « troisième âge »
Qui fait penser à la layette,
Au biberon, à la poussette,
C’est une véritable offense
Qui nous rejette dans l’enfance.
Et bien non ! J’ai beau réfléchir
Et puisqu’hélas, il faut vieillir
Acceptons donc faute de mieux
D’être simplement de « bons vieux »
Ce mot évoque la tendresse
Les pépés de notre jeunesse
L’accord si doux et si confiant
Des vieux et des petits enfants.
La vie nous donne, généreuse
Une longue vieillesse heureuse
C’est une gentillesse gratuite
Qui n’est pas due à nos mérites !
Tant de jeunes fauchés avant l’âge
Malgré leur valeur, leur courage.
Alors chers amis au grand âge,
Montrons-nous donc un peu plus sages
Heureux et fiers d’être des vieux
Puisque ne vieillit pas qui veut !
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