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Les Monuments...

Monuments de mémoire commémorant les morts, les souffrances et les deuils, ils évoquent aussi la joie de la victoire, le soulagement de la fin d'une hécatombe et l'espoir en un avenir meilleur.

A cette ambiguité s'ajoute la banalisation de leur présence au coeur de nos villes.

Pourtant, ces monuments, émouvants, justifient un autre regard...


"Le Monument parle" par Emile Pecqueur

EST-CE POSSIBLE ?  LE MONUMENT AUX MORTS A PARLE !!!!

 

"Moi… Monument aux morts de Saint Hilaire-Cottes, je vais enfin parler :

Moi… sentinelle ou veilleur de pierre, je vais m’exprimer et me faire entendre. J’attendais ce moment depuis longtemps. Je vais libérer mon cœur et vous dire ce que je pense:

Je me sens bien seul...

 

Pour un seul nom gravé sur ma pierre, j’ai ma raison d’être. Pourtant, avec les 38 noms inscrits dans le marbre de mes flans, je me sens souvent comme un étranger dans mon village. Sincèrement, vous qui lirez ces lignes, avez-vous, une fois au moins jeté un œil sur ces noms ?

 

Vous savez, sans doute, que le premier geste officiel d’un préfet ou d’un sous-préfet, qui vient d’être affecté dans un département, consiste à déposer une gerbe devant le Monument aux Morts de sa Préfecture ou de sa sous-préfecture.

Il en va de même pour un maire qui vient d’être élu.

Pourquoi tout citoyen ne ferait-il pas ce rituel, en venant simplement faire le tour du monument de son point d’installation pour rendre hommage aux noms qu’il porte ?

J’y serais franchement sensible.

 

Dans notre société éclatée, les hommes avec leur égoïsme profond, ne font pas l’effort d’élargir leur regard et leur réflexion. Ils se mobilisent pour défendre les droits acquis et les avantages sociaux et économiques dans leurs sphères limitées, mais font peu de cas du souvenir et de la reconnaissance. Ils ont tendance à laisser à l’Etat, cette mémoire devenue un devoir. Les communes de France, dans leur quasi-totalité ont érigé un Monument aux Morts.

 

A Saint Hilaire-Cottes, j’étais en place en 1920-1921 et mon inauguration a eu lieu le 11 novembre 1921 par le Maire en exercice Mr François Fumery.

C’est vrai que je fais partie du paysage. Probablement trop.

Mais si j’admets cela, j’accepte moins d’être dans l’indifférence. Pour celui qui ne veut pas me voir, j’ai le mérite d’exister, tout autant que pour celui qui m’approche de temps à autre.

Mais l’indifférence, c’est ne pas exister. Quelle horreur !

Pourtant, c’est ce que je ressens en vous voyant passer au large, sans un regard, sans un signe, sans une pensée.

Sachez que je porte 38 martyrs.

Que votre nom de famille y soit ou non, n’est pas important. Je transcende les noms. Ces noms gravés me donne simplement un visage humain. J’y associe tous ceux qui se sont battus pour des valeurs qui les dépassaient individuellement et qui ont survécu à leurs frères d’armes Ils sont tous là pour vous.

 

Je suis là pour vous rappeler que vous ne faites que profiter de la paix et de la liberté gagnés au prix de vos frères, au sens large.

L’ingratitude est méprisable. Il est dommage que vous ne puissiez pas ou que vous ne vouliez pas tous le comprendre. Bien sûr me direz-vous, il y a de manière régulière, des cérémonies commémoratives. Et comme elles sont nombreuses, je n’ai donc pas à me plaindre. Détrompez-vous !

Je préfèrerais une seule cérémonie avec tout le village que dix cérémonies squelettiques et étriquées avec quasiment les mêmes personnes, comme si elles étaient porteuses d’une délégation des autres habitants.

 

Puisque je ne manque pas d’humour, je me demande pourquoi, à ce rythme les habitants ne délègueraient pas le Maire tout seul. Lui a des obligations et se trouve donc ici par devoir.

J’observe que les Anciens Combattants sont, peu ou prou présents, car ils se souviennent de ce qu’ils ont vécu et veulent partager leur souvenir et leur désir de paix.

Cela dit, je regrette que ce soit souvent uniquement pour « leur guerre ». Je les invite à réfléchir sur leur sort, car les « poilus » ont déjà quitté la scène et le cours du temps est impitoyable. Les combattants les plus récents passeront aussi. Pour eux, dans ces commémorations, j’estime que c’est la fraternité des soldats qui doit prévaloir et non les attitudes sectaires ou politiquement contrôlées, qui me mettent hors de moi.

 

Je suis attristé par les querelles internes du monde combattant. Dans un sursaut de tolérance, j’attends l’apaisement et la concorde.

J’honore tous les morts qui se sont battus pour la France et je refuse toute notion d’obédience, de dépendance ou d’appartenance. Je rêve d’une seule grande cérémonie annuelle pour la paix et pour honorer les mort de toutes les guerres et des conflits passés ou présents, ainsi que les victimes civiles. Il ne fait aucun doute pour moi que la date retenue ne pourrait être que le 11 novembre. La Grande Guerre reste unique dans son ampleur. Elle mérite de rester notre point de ralliement.

 

Réunir auprès de moi, une fois par an, les habitants du village, voire du canton, et tous les enfants des écoles est mon souhait le plus cher.

Que les multiples associations et fédérations d’anciens combattants se rassurent !

En plus du 11 novembre, il leur appartiendrait, à leur initiative de m’entourer tout au long de l’année, aux dates qui leur conviendraient, pour marquer les autres événements et guerres de notre histoire.

Il s’agirait alors de leur cohésion propre, tout en rappelant leurs actions et leurs combats. C’est d’ailleurs le cas bien souvent si l’on regarde de près l’état des présences.

Car, je pense vraiment que trop de cérémonies tuent la cérémonie.

D’ailleurs la profusion ou la multiplicité est l’excuse de ceux qui n’assistent pas à ces commémorations. Une grande cérémonie annuelle pourrait rassembler, à la date du 11 novembre, ceux qui d’ordinaire, honorent consciencieusement les défunts de leur famille pour la Toussaint. Pour eux le 1er et le 11 du mois de novembre seraient les jours du souvenir familial et national . Ce serait un beau message de solidarité et de fraternité.

 

Le 11 novembre est porteur de la gravité des hécatombes de la Première Guerre mondiale qui ont saigné notre pays dans toutes ses communes. Incontestablement en France, pour le nombre des victimes et leur répartition géographique, rien ne fut pire auparavant ni par la suite. De plus, cette gravité correspond bien à l’automne. En cela, ce rassemblement est très différent du 14 juillet qui est plus festif et plus estival, car c’est avant tout une fête nationale et non un culte des morts.

Tous les habitants doivent prendre conscience que je marque la permanence du souvenir et son éternité.

Je ne suis pas un monument d’indifférence. Pour cela, il faut plus de silence que de paroles. D’ailleurs, la minute de silence est mon moment préféré. Elle semble longue pour l’assistance. Tellement longue qu’elle se réduit souvent à une cinquantaine, à une quarantaine de secondes. Je suis navré de constater que c’est l’un des rares moments où l’on trouve le temps long, si l’on y met pas l’intensité de la reconnaissance.

 

En définitive, mes exigences ne sont que le devoir de chacun et, de ce fait, mes souhaits sont limités.

Une fois dans l’année, je demande, à mes côtés, la présence importante et significative des habitants. J’attends surtout les jeunes avec leurs éducateurs, formateurs, enseignants et parents.

Réunissons-nous pour respecter une minute de silence. Je reconnais que mon bonheur est plus grand si l’on y ajoute la sonnerie aux morts et l’hymne national.

Tout le reste, qu’il s’agisse de discours ou de remises de médailles, est secondaire à mes yeux. C’est le temps du recueillement et de mémoire qui est essentiel. C’est peu demander et c’est pourtant énorme.

Je tiens à mon rôle de témoin pour les générations présentes et à venir.

S’il vous plaît, venez m’entourer pour le prochain 11 novembre. Venez me voir au moins, une fois chaque année.

Accordez moi cinq minutes de votre temps et de votre vie."

« Le temps et la vie de ceux que je porte se sont arrêtés pour vous ».

Emile Pecqueur

Qui est Emile Pecqueur?

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