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« Les Vautours »

Algérie 1955-1957

 

Un peu ce que je suis !!!

 

Par Emile Pecqueur

 

 

Le temps creuse un fossé infranchissable. A chaque fois que je côtoie des jeunes, j’ai le sentiment que plusieurs siècles nous séparent….

 

Je suis né dans la foulée de la guerre de 1914. Le monde que je porte en moi est plus vieux que ma carcasse. J’ai connu dans mon enfance des paysans et des mineurs de fond qui semblaient sortir du Moyen-âge et en Indochine, j’ai combattu aux côtés des descendants directs des Pavillons Noirs. Je suis comme un musée improbable qu’un coup de vent peut réduire en poussière.

 

Que dire à un cadet ?

Peut-être avec pudeur lui glisser dans la paume de la main deux ou trois conseils….

Mettre en accord ses actes et ses convictions, pouvoir se regarder dans la glace sans avoir à rougir de lui-même ; ne pas tricher, sans doute le plus difficile, pratiquer et tâcher de concilier le courage et la générosité ; rester un homme libre….

Il faut du temps pour faire un homme ; au bout de ma course, je retourne inlassablement des interrogations vieilles de plus de trente ou quarante ans.

 

E.P. 1er août 2010

Quand je rédige mes récits :

Je trempe ma plume dans mes souvenirs en la suppliant de bien vouloir traduire fidèlement les brûlantes confidences que j’ai reçues de ces soldats d’élites, pour donner à leur fils des raisons d’être fiers de leurs pères et de les remercier de les avoir faits Français.

 

De la Toussaint Rouge à la 5ème République

…..Qui a compris le problème algérien ?

Eclosion d’une nouvelle nation. Ni la France, ni l’Algérie ! Ni le F.L N ! Ni l’armée…

Tous ont commis de lourdes fautes …

Personne n’est innocent…

 

Au 51ème Régiment d’Infanterie un commando

 

« Les Vautours » - Algérie 1955-1957

 

Ce n’était pas l’un des commandos de chasse que nous avons connu en Algérie ; pourtant ce commando « Les Vautours » a opéré pendant près de 18 mois dans le nord-est Constantinois.

Alors qu’était-il ? D’où vient-il ?

Au départ, il y a donc le 51ème Régiment d’Infanterie, arrivé en Tunisie début 1955. Certains éléments venaient du 41ème Régiment d’Infanterie  de Rennes, d’autres d’Alsace et des militaires appelés qui venaient du 1er Régiment d’Infanterie de Donaueschingen (Allemagne)

Avec le 1er RI , le débarquement a eu lieu à Tunis le 15 février 1955. Les hommes montés à bord d’un petit train à Tunis sont arrivés, les uns à Thala, les autres à Kalaat-Djerba au Sbeitla.

La 11ème Compagnie du Capitaine Neveux était stationnée à Thala. Le séjour en Tunisie a été assez court car la guerre était finie.

 

Quelques semaines avant de franchir la frontière algérienne, le capitaine a rassemblé et a déclaré vouloir des volontaires pour former un commando lors de l’arrivée en Algérie ; il y aura des risques a-t-il dit et lorsque nous serons sur place, nous ne pourrons plus faire marche-arrière, aussi je ne veux que des volontaires.

C’est ainsi que le commando a été formé. Il était composé de 36 militaires. Les engagés étaient au poste de commandement et les appelés tous volontaires. Il a quitté la Tunisie le 23 mai 1955 et est en Algérie à El-Milia le lendemain où la compagnie sera stationnée. Dès ce moment, le commando sera à part, prenant position dans un bâtiment d’une scierie des chênes-lièges. C’est en ce lieu, en présence du colonel que le commando prit le nom « Les Vautours » baptisé par la propriétaire des lieux, qui a remis les bérets.

 

Les missions du commando ont commencé aussitôt, sorties presque toutes les nuits, escortes de ravitaillement, matériel, fouille des grottes et des ouvertures de route vers Grarem, Collo, Djidjelli et Constantine. Les embuscades et les escarmouches étaient fréquentes.

Début 1955, les fellaghas n’étaient pas encore bien armés, heureusement pour le commando, car pour ce genre de combat, les hommes n’étaient pas bien formés.

Un lieutenant commandait le commando et avait comme adjoint, un chef nommé Barris, un basque avec une grosse moustache, ancien d’Indochine.

 

La région d’El-Milia, (Grarem) était réputée pour être très dangereuse. Ainsi, de nombreux civils français ont été retrouvés sur les bords des routes, la gorge tranchée. Quelques temps après l’arrivée à El-Milia, toute la compagnie est partie en ouverture de route, vérifier les ponts ; il y en avait trois. Cette journée aurait pu s’appeler « un pont de trop ».

 

La compagnie part donc en mission pour repérer les ponts ; les fellaghas les faisaient sauter pour empêcher les Unités de circuler et de se ravitailler. Direction Collo … le capitaine fait mettre le commando « Les Vautours » en tête de la compagnie. Arrivé au premier pont, il était intact et en bon état. Fouille des alentours, pas de problème, poursuite de la route. Quelques kilomètres plus loin, c’est le deuxième pont ; il est lui aussi en bon état. Rien à signaler.

 

Le Capitaine commandant la Compagnie nous demande de nous placer à l’arrière de la Compagnie. C’est ainsi que la 1ère section arrive à proximité de ce troisième pont. Les militaires s’aperçoivent que ce pont a été dynamité. Ils s’approchent sans trop se méfier et catastrophe ! C’est l’embuscade...

Les fellaghas sont sous le pont sauté et aux abords dans les taillis. Les premiers militaires sont pris sous un feu très fourni, çà tirait de partout. Il était peut-être quinze ou seize heures.

 

Le chef Barris nous entraîne vers le pont : « Allez les petits, on y va ! » Nous avons combattu jusqu’à la nuit pour nous sortir de cette embuscade malheureuse. Heureusement pour nous que l’aviation est intervenue et, grâce à leur intervention, tard dans la nuit, nous avons réussi à prendre le dessus et les rebelles se sont enfuis.

Hélas, le résultat était très mauvais. La section de tête a perdu plusieurs éléments : plus de 10 tués…. Trop de tués et de blessés.

 

Les camions sont arrivés et ils ont été rapatriés sur El Millia. Le commando avec le chef Barris est resté sur place toute la nuit. Certains militaires ont été récupérés, cachés dans les taillis, ils avaient vu les Fellaghas passer tout près d’eux, à quelques mètres. Le récit de ces camarades ayant échappé au massacre, était effrayant.

 

Pour « les Vautours », ce dernier pont était leur premier vrai baptême du feu. Nous sommes rentrés à El Millia et avons reçu les félicitations du Colonel Ragot. Quelques semaines après, le commando a bénéficié d’une semaine de repos à l’hôtel « Beau Rivage » à Philippeville.

 

Une nouvelle opération qui se termine mal : nous avions pour mission de prendre un piton. Arrivés à proximité à la lueur du jour, nous apercevons quatre ou cinq rebelles assis. Notre camarade  lance-grenades se prépare à tirer sur le groupe. Hélas, l’arme explose et nous avons quatre militaires blessés, héliportés aussitôt, dont l’un très sérieusement, le lanceur de grenades.

 

« « Cinquante cinq ans après, nous serons très heureux d’avoir de leurs nouvelles. Commando et sections, nous partagions les mêmes heures sombres » »

 

Début 1956, la Compagnie quitte El Milia pour Aïn-Tin et Mila. Les mêmes missions se poursuivent.

 

Le 15 avril 1956, une grande opération a lieu dans le secteur de Mila par le 51ème Régiment d’Infanterie, les trois bataillons et les Unités d’El-Mila et de El Arrouch sous les ordres du Colonel Rouyer. Une bande rebelle importante est accrochée et pourchassée dans le massif montagneux du Djebel Akral et se retranche dans plusieurs grottes.

 

Des combats sont acharnés, chacune des grottes a été assiégée et attaquée à l’explosif et à la grenade incendiaire par la 13ème et 14ème Compagnie du 51ème R.I dont les « Vautours » renforcés d’une batterie du 10ème R.A.C héliportée sur les lieux du combat. Les rebelles sont délogés, leurs armes récupérées, 130 armes dont une douzaine automatiques sont tombées aux mains des militaires. Dans le courant de l’après-midi, le secrétaire d’état à la guerre, Mr Marc Lejeune est arrivé sur les lieux accompagné du Général Lorillot commandant la 10ème R.M du Général Noiret Commandant de la Division de Constantine.

 

L’opération terminée, l’un des hélicoptères s’est écrasé au sol au décollage. Le commando a passé la nuit sur le Djébel Akral pour une surveillance des lieux. Le 16 avril, la 13ème Compagnie a continué la fouille du terrain. Suite à cette magnifique opération, le Colonel Rouyer a reçu du Général Labarthe une citation collective adressée aux unités ayant participé à cette opération nommé « Arcole ».

Quelques mois plus tard, la Compagnie a quitté Aïn-Tin au pied du Djebel Akral pour se rendre à Grarem et finalement stationner au bord de Gravelotte en plein bled, éloigné de tout. Tout était à refaire, on ne connaissait pas bien cette région. Les opérations et ouvertures de route sont devenues quotidiennes, de même que les attaques des rebelles étaient fréquentes, les routes coupées, les poteaux sciés. A Gravelotte, nous étions coupés de tout. Les appelés ayant été successivement libérés, le commando « Les Vautours » n’existait plus.

 

Les opérations ont continué. Celle effectuée dans la forêt des Moulas a eu hélas pour conséquence la perte du Capitaine commandant l’unité de Gravelotte.

 

J’ai effectué un deuxième séjour en Algérie de 1958 à 1962 à Mostaganem Saïda (Oranais) où j’ai eu encore le plaisir de connaître un commando : le commando « Georges »

 

Avec mes meilleurs souvenirs des « Vautours ». Hommage à tous les Camarades tombés au combat.

 

Récit de Monsieur Jacques Kermorvant, Membre de la Charte G.R. 113

 

J’ai connu un peu Collo et la route d’El Milia, ayant été nommé Commandant de la Brigade territoriale, je devrais dire plutôt désigné pour « liquider » la compagnie commandée par un lieutenant et brigade, du 20 février 1962 au 1er août 1962. A cette désignation, j’ai été informé de suite de la situation dans cette zone définie dangereuse et d’influence prépondérante de la rébellion.

Lors de mon arrivée sur place, les Légionnaires et Parachutistes qui y étaient casernés avaient été repliés sur Philippeville, baptisée Skikda à l’indépendance.

Les opérations qui avaient lieu dans le secteur étaient décidées de Philippeville et avaient lieu par air avec des éléments du 3ème bataillon de Parachutistes Coloniaux sous les ordres du Colonel Bigeard et du 2ème Régiment Etranger d’Infanterie de la Légion Etrangère et lorsqu’elles avaient lieu par mer, complétées par des Fusiliers marins de la Marine Nationale dont les vedettes étaient parfois ancrées près de Collo. Des tirs d’artillerie de la Marine Nationale préparaient et accompagnaient ces opérations.

Bien que n’y participant pas ni le reste de la Brigade, j’étais toujours informé et rencontrais assez souvent les officiers des renseignements de ces Unités.

 

Le Colonel Bigeard avait dit un jour en 1962 donc, pour désigner ce secteur :

« Territoire oublié de Dieu »

Il suffira de dire la presqu’île de Collo et ses environs sont l’équivalent de l’enfer.

 

Voilà en complément du récit joint ce qu’était la situation dans la zone de Collo au 1er trimestre 1962.

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