La plaque commémorative des 22 et 23 mai 1940  
 
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La plaque commémorative des 22 et 23 mai 1940

Le 24 mai 2008, une plaque commémorative fut dévoilée en mémoire de tous ceux qui se sont fait tuer les 22 et 23 mai 1940 sur le territoire de notre commune.

 

Discours prononcé par le lieutenant-Colonel (er) Guy DUBOIS, lors de l’inauguration de la plaque commémorative à Saint Hilaire Cottes, le 24 mai 2008.


« Monsieur le Préfet,
Monsieur le Député,
Monsieur le Conseiller général,
Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mon Colonel,
Mon Capitaine,
Messieurs les officiers et sous officier,
Chers amis des Ordres Nationaux et du monde patriotique,
Mesdames et messieurs les présidents des associations,
Mesdames, messieurs,

 

La plaque qui vient d’être dévoilée, vient compléter les quelques plaques commémoratives de la bataille de France, malheureusement peu nombreuses sur le territoire. Elles jalonnent néanmoins le chemin de la mémoire et témoignent de la violence des combats. 100 000 morts, 270 000 blessés en six semaines.


Le 10 mai 1940, nous sommes au cœur de ce que l’on appellera «La bataille de France». Hitler, encouragé par le succès de ses armées, attaque et envahit les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique. La rapidité de la progression des troupes allemandes, due à l’emploi, pour la première fois, de troupes aéroportées soit quatre mille parachutistes, déconcertent les forces terrestres prises au dépourvu par ce type de combat moderne. Le 11 mai, les autorités militaires belges ordonnent la retraite générale.
Le commandement français décide de voler au secours de ses nouveaux alliés et dépêche la partie la meilleure et la plus mobile de ses armées : La 1ère Armée commandée par le général Blanchard à laquelle est rattaché le dépôt de remonte et la 7ème Armée avec le 9ème Bataillon de chars de combat, commandé par le colonel Giraud, dégarnissant ainsi nos frontières sur le flanc Est. Ce sera une funeste erreur de la part des Alliés.


Les Panzer divisions vont profiter de cette diversion pour créer une surprise stratégique de taille en attaquant dans le dos de nos unités. Après avoir traversé le Luxembourg et les Ardennes Belges, ils attaquent le front français sur la Meuse, près de Sedan où ils franchissent la frontière le 14 mai. La surprise est totale.
Le dispositif allié chargé de protéger cette partie, ne comprend que des unités de série B composées essentiellement de réservistes, souvent incomplètement équipées par conséquent n’offrant qu’une faible résistance...

Les Allemands profitent de la brèche qui s’ouvre pour contourner le prolongement de la ligne Maginot et foncer vers les côtes de la Manche, encerclant un demi-million d'hommes qui s'étaient imprudemment engouffrés dans la "nasse belge". Les Alliés n'arrivent pas à enrayer cette avance... Seules quelques unités résistent durement.


Le 15 mai, La 1ère Armée doit repasser la frontière. Le Capitaine de Lencquesaing, qui commande le dépôt de remonte cantonné à Tilloy, s’apprêtait à rejoindre son unité en Belgique, lorsqu’il reçoit l’ordre de se replier. Le dépôt, soit 320 hommes et 450 chevaux quitte Tilloy à la nuit tombante en direction de Saint Omer, en faisant des étapes de nuit. Chaque homme a 1 voire 2 chevaux en mains.
L’avancée est difficile, les routes sont encombrées de colonnes de réfugiés qui fuient vers un improbable abri dans le Sud sous le feu des bombardiers en piqués qui les harcèlent et les mitraillent en faisant retentir leurs lugubres sirènes.

Un flot incessant de personnes déferle, s’amplifie, passant à flux continu. On sent l’affolement. Il fait très chaud. Plus on avance dans le temps, plus la marée humaine est impressionnante. L’ambiance est bizarre, très lourde. C’est la panique. On comptera jusqu'à 90 000 enfants errants, ayant perdu leurs parents dans la fuite. Bon nombre en resteront orphelins.

 

Un de ces enfants, grièvement blessé, hospitalisé à Béthune, est recueilli par un couple de Lespesses, commune sise aux confins de notre village. Le mari était le voisin de lit de cet enfant. Son âge est fixé approximativement à quatre ans. Il n’est retrouvé aucune trace de sa famille. Grand invalide, marié à Juliette, il habite le bourg. Il s’appelle Henri Richarson et il est parmi nous aujourd’hui.

 

Ce dramatique exode entrave et désorganise un peu plus les tentatives de résistance des militaires français et britanniques qui, souvent isolés, coupés de leur commandement, se battent néanmoins avec un remarquable courage.
C’est dans ce contexte, que le 20 mai au matin, notre unité de remonte arrive dans le village. Le capitaine de Lencquesaing installe son cantonnement, répartit les chevaux dans les fermes et s’organise avec l’intention de s’implanter pour plusieurs jours, les hommes et les chevaux ont besoin de repos.


Dans l’après midi, Il reçoit la visite du Capitaine Delbende commandant l’hôpital vétérinaire de l’Armée cantonné à Norrent-Fontes depuis quelques jours. Les deux hommes se connaissent de longue date, le capitaine de Lencquesaing a sa résidence au château de Laprée à Quiestède, un village sis à quelques kilomètres d’Aire sur la Lys d’où est originaire le Capitaine Delbende. Ces officiers sont inquiets, la situation n’est pas nette. Beaucoup d’avions allemands dans le ciel, mais plus d’avions français ni d’avions anglais. Ils remarquent aussi que des troupes anglaises refluent vers la côte sans s’arrêter.


Le 21, le général Weygand, commandant suprême des armées se pose sur le terrain d’aviation de Rely pour une courte inspection dans la région. Il trouvera un terrain désert, les escadrons ayant rejoint les terrains proches de la Belgique. Il est prévenu de la présence des allemands dans les parages par le capitaine Delbende.


Le 22 au matin, le capitaine de Lencquesaing apprend par des réfugiés qui rebroussent chemin, qu’une colonne importante motorisée ennemie circule sur la chaussée Brunehaut entre Arras, Cauchy-à-la-Tour et Thérouanne. Ne disposant pas de moyen de transmissions, il envoie son officier adjoint, le lieutenant Verlay, à Béthune où se trouve l’état-major pour rendre compte de la situation.

L’état major lui fait répondre qu’il n’a rien à craindre, qu’il y a bien quelques éléments ennemis qui se sont infiltrés mais rien de bien méchant et qu’il n’a qu’à rester dans son cantonnement. Le Capitaine ne se satisfait pas de cette réponse et fait installer des barrages aux entrées du village avec les moyens du bord, des charrettes de herses, des charrues, tout ce qui peut constituer un obstacle.


Il met un poste commandé par un sous-officier derrière chaque barrage. Il ne dispose toutefois que de 50 mousquetons, l’unité n’étant pas une armée combattante. Vers 17h30, alors qu’il est dans son bureau, occupé à signer des réquisitions pour le ravitaillement (car depuis trois jours l’intendance ne suivait plus), il est alerté : les Allemands sont devant les barrages, ils attaquent les petits postes avec des armes automatiques, des mitrailleuses, des grenades et des petits canons pendant que leurs avions survolent les lieux.

 

Tous les hommes disponibles, avec les quelques mousquetons qui restent et quelques maigres munitions, sont rassemblés et dispatchés vers chaque barrage. La lutte est inégale.
Rapidement les barrages sont enfoncés. L’ennemi pénètre aisément dans Saint-Hilaire au moment même où le capitaine Michel Delbende revenant d’une liaison avec son état-major à Béthune, traverse le village.
En l’absence de moyens de transmissions et les communications téléphoniques étant coupées, ce commandant d’unité se devait de rendre compte de la situation à sa hiérarchie, notamment de la présence de l’ennemi dans les parages et provoquer les ordres, son unité n’étant pas non plus une arme combattante il ne dispose que de peu d’armement. Puis il lui faut surtout percevoir de quoi payer les réquisitions car tout comme le dépôt de remonte son unité n’est plus ravitaillée par l’Armée.


Il sera abattu alors qu’il tente de s’échapper, refusant de se rendre. Le capitaine Delbende, officier de réserve, chevalier de le Légion d’Honneur, était déjà décoré de la croix de guerre 1914 – 1918.

 

Les allemands investissent le village.
Un officier, deux sous-officiers, huit soldats tués, 300 prisonniers tous grades confondus, 450 chevaux capturés, tel est le bilan de cette journée.


Le 23, ce sont les chars du 9ème Bataillon de chars de combats de la 7ème Armée qui entrent en action. Ce bataillon revient de Belgique. Le matériel, soit 41 chars avec ses véhicules d’accompagnement, a beaucoup souffert. Aussi c’est par voie ferrée qu’il est acheminé jusque la gare de Fouquereuil où il débarque le 21 mai.
Le bataillon s’installe dans la périphérie de Béthune. La situation est confuse. Les Allemands sont partout ; alors les ordres sont de plus en plus imprécis, parfois contradictoires.

 

Le 22 mai, la situation s’aggrave : Béthune est sur le point d’être encerclée. Le Commandant du Bataillon se retrouve seul : l’état major a quitté la ville et faute de moyens de communications il ne peut être joint.

Finalement, le 23 les ordres suivants sont donnés:
La 2éme compagnie progressera sur Robecq, Saint Venant. La 1ère compagnie et la 3ème compagnie, soit 25 chars, plus les véhicules d’accompagnement, progresseront sur la nationale 43 en direction d’Aire sur la Lys. La colonne se met en marche à 2 heures. Rapidement, elle se désorganise : plusieurs chars en panne à la suite d’ennuis mécaniques ou à cours d’essence sont remorqués par d’autres chars. Ces opérations se font dans des conditions sordides sur les routes encombrées. C’est donc coupée en deux qu’elle se présente aux abords du village.


La première moitié qui apparemment n’avait pas subi d’avaries réussira à traverser le village malgré un tir intense et réussira à gagner Aire sur la lys où elle livrera bataille sur la place Saint-Pierre. La seconde moitié, ralentie par ses avaries, se présentera à l’entrée du village vers 4 heures. L’ennemi, renseigné sur l’arrivée de cette seconde vague, renforce son dispositif. Des canons antichars sont placés un peu partout, dans les soupiraux de cave, derrière des charrettes. La bataille s’engage, violente, les canons et les mitrailleuses déclenchent un feu nourri de chaque côté. Dès les premiers instants de combat, une vingtaine de SS tombent sous les rafales de nos chars.


Le combat tourne à l’avantage des chasseurs qui iront jusqu’à faire une dizaine de prisonniers. Après plus d’une heure de combat, la tendance s’inverse, plusieurs chars sont détruits et les munitions font défaut. Les chasseurs n’abdiquent pas pour autant. On récupère les armes sur les morts et les blessés et c’est un véritable corps à corps qui s’engage jusqu’à l’épuisement total des munitions
Il y eut quelques scènes tragiques, telle celle racontée par un témoin vu de son soupirail de cave. Un sous-officier, pistolet au poing, se trouve face à face avec un soldat allemand. Son pistolet s’enraye... Il est embroché et délirera pendant des heures, réclamant à boire sans que personne ne puisse lui porter secours.


Le dernier char qui refuse de se rendre est finalement touché et l’équipage mourra carbonisé. Les Allemands vont se livrer à un véritable ratissage, fouillant toutes les habitations. La grange de Daniel et Alexandre Vaillant à Cottes est incendiée. Les deux soldats qui s’y étaient réfugiés sont amenés contre le mur de la ferme de François Leclerc, sise à proximité, et fusillés.

 

Le bilan de cette journée de combat sera de 7 français tués, alors que les Allemands accusaient une dizaine de tués et 25 blessés graves qui décèderont dans les trois jours qui suivirent.

 

Le 24 mai, des jeunes du village, dont Léon Cauvet que j’aperçois, étaient réquisitionnés pour creuser la fosse commune et enterrer nos morts.


Que ces lettres d’or gravées sur cette pierre puissent nous aider à cultiver la mémoire de ces héros et interpellent les générations futures afin qu’elles sachent que le prix de nos libertés a un coût, celui du sang versé par ceux qui se sont sacrifiés pour les préserver. »

 

 

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Plaque commémorative voilée
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L’armée et sa délégation

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Mr le Maire accueille Mr le Sous Préfet
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Mr le Sous Préfet, les élus devant le Monument aux Morts

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Dévoilement de la plaque commémorative
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Mr le Sous Préfet et le délégué militaire départemental

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Dépôt de gerbe par Mr Napiéraj
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Dépôt de gerbe par Mme Maillard, fille du Capitaine Delbende tué le 22 mai dans notre village, à ses côtés le petit-fils du Capitaine Lencquesaing, commandant l’unité ce jour-là

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l’Harmonie Fanien ouvrant le défilé
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Les enfants

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Plaque de commémoration

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