Découverte des Pieds Noirs  
 
Bienvenue
 
Météo
 
Le village
 
Vie associative
 
Evènements
 
Médiathèque & Culture
 
Les travaux
 
Réunions du Conseil
 
Ecocitoyenneté et prévention
 
Dates à retenir
 
La parole aux habitants
 
Contact
 
Inscription

Ce qui me permet d’exprimer ma présence au Maroc, Algérie et Sahara de 1949 à 1962

 

Découverte des Pieds Noirs

 

par Emile Pecqueur

 

Progressivement, je m’initiais aux secrets de l’Afrique du Nord. Je commençais après un certain temps de présence à rencontrer des interlocuteurs de tout bord. Je parlais peu, posais quelques questions, écoutais….. Je cherchais à forger mon jugement. J’appris ainsi à connaître ceux que je n’aimais pas beaucoup à appeler « les pieds noirs » la manière dont ce peuple de fortune a accepté de se reconnaître dans ce terme.

 

La caricature m’a toujours gêné  à leur propos. Leur drame collectif dirais-je a fait oublier la diversité et la pauvreté de leurs origines.

Une minorité de colons mis à part, attirés en Algérie depuis 1830 par les affaires à conclure et les négoces à organiser, l’écrasante majorité de ceux que j’ai connus étaient des hommes et des femmes partis de rien…..

J’ai rencontré des descendants des Communards exilés, des fils de Français d’Alsace-Lorraine ayant fui l’annexion allemande, des petits-fils de paysans du sud-ouest chassés par le phylloxéra, des réfugiés espagnols du Front Populaire, des familles immigrées de toute la Méditerranée.

Leurs ancêtres avaient échoué en Algérie après avoir perdu leurs biens ou leur patrie (parfois les deux à la fois).

 

Je me souviens d’une longue conversation dans une ferme des Aurès avec un ancien combattant de l’armée de De Lattre. Il me disait : « quand mes grands-parents sont arrivés ici, …. Il n’y avait que des cailloux… Ils ont apporté avec eux la mystique du travail propre à l’Europe. Au départ, les musulmans les regardaient incrédules. Ma famille a bâti ce domaine sur la montagne. Avant nous, il n’y avait rien… »

 

Je savais qu’ils étaient des milliers comme lui à travers l’Algérie et je disais même aussi au Maroc, héritiers des familles qui avaient ouverts les premières routes, planté les premiers platanes, tracé les premiers sillons. Durs au mal et au soleil, ils avaient leurs racines dans cette terre que leurs parents et grands-parents avaient fécondée.

 

Après mes années passées parmi eux, je ne me cacherai pas pour dire que je suis un peu des leurs. Ce vieil homme refusait la protection de l’armée. Il voulait rester seul même la nuit. Il dormait avec un vieux fusil. Il s’accrochait au respect que les villages environnants avaient toujours montré aux siens.

 

Mais chez les pied noirs que j’ai connus, rencontrés, salués lors de mes patrouilles, opérations, services « gendarmiques », je me fais fort de dire que le cœur parlait avant la raison. Il est mort égorgé une nuit, quelques mois après ma visite. Son sang a été versé sur le sol qu’il avait tant aimé…. Je crois qu’il n’aurait pas survécu à l’exil.

 

Ma visite a eu lieu dans les derniers mois de ma présence au poste permanent de Gendarmerie d’Ouled-Djellal au cours d’une opération de contrôle d’identité avec une compagnie du 24ème Régiment d’Infanterie de Marine. A triste souvenir, voici mes notes en tant que simple rédacteur :

« Les pieds noirs ne sont pas responsables des ombres de la colonisation… La colonisation a peut-être été un viol…

Mais il est né des enfants et çà, la Libération Nationale ne l’a pas accepté. J’ai encore ceci à manifester … sans les pieds noirs, il n’y aurait pas eu la Campagne d’Italie ni de débarquement en Provence. Voilà pour moi la dette énorme de la France. »

 

Encore ceci de moi  « Au Maghreb, la seule loi qui vaille, c’est la force. Après, vous pourrez discuter. En Algérie, le personnel politique n’a jamais été à la hauteur de sa tâche. Et dites moi qui en France, a été prêt à payer le prix politique et financier d’une transformation radicale de l’Algérie.»

J’en arrête là….

 

Aux jours s’accrochent les souvenirs, et aux nuits la mémoire.

Il faut laisser le passé au jugement de l’histoire. Il ne faut pas toujours se répéter, mais après ces treize années passées en ces lieux et en de certaines circonstances, cela marque un homme jusqu’à ses derniers jours, croyez moi.

 

EBQA AALA KHIR,  adieu

AALA MOURAD ALLAH, à la grâce de Dieu.

 

© 2013 Site Internet réalisé par Mme Solange RODRIGUES, adjointe au Maire